Publié le 2 Août 2014 par Philippe Roustant
Contrairement au courant de pensée qui s’affiche sur la toile via les positivistes de tous poils, il est extrêmement important qu’un chien connaisse le « Non! »
Loin de détruire sa confiance en vous, une interdiction bien comprise contribue largement à son bien être psychologique et à sa sécurité.
Les tenants de l’abolition du « Non! » utilisent habituellement la prévention, l’anticipation, l’ignorance des mauvais comportements et le détournement de l’attention sur un renforçateur. C’est utile, nécessaire mais pas suffisant.
Dans la nature aucune interdiction n’est fixe et durable, tout simplement parce qu’il s’agit d’êtres vivants et que, par définition, le biologique est en évolution constante. Si une interdiction est posée par un individu vis à vis d’un autre (interdiction d’approcher un petit, d’une zone protégée..etc..) celle ci est tributaire d’un constant renouvellement par celui qui la prononce (C’est le cas, par exemple, des marquages urinaires territoriaux). En cela, elle s’apparente à un « Non! » Il suffit que l’individu garant de l’interdiction vieillisse, soit blessé ou tombe malade pour que cette interdiction s’éteigne faute d’une autorité valide pour la faire respecter.
Les animaux n’apprennent donc pas définitivement à éviter ce comportement: Ils respectent juste une interdiction ré-affirmée de manière permanente par un sujet capable de la faire respecter.
Malgré tous les efforts que nous mettons à éduquer nos chiens, il y a plusieurs situations dans lesquelles ils sont livrés à leurs pulsions de telle sorte que seule une interdiction posée par leur leader est à même d’éviter un comportement inadéquat.
Prenons quelques exemple:
-Lors d’une balade à la campagne: Kiki se jette sur une charogne bien puante et se moque de vos appels désespérés et de vos croquettes comme de sa première puce. Si votre chien connaît le « Non! », non seulement vous sauvez votre banquette arrière mais en plus, vous évitez un conflit avec votre animal.
-Il en va de même des zones dangereuses (rivières en crue, routes, falaises…etc…): Un individu qui connaît l’interdiction pourra se promener librement là où d’autres resteront en laisse.
-Il existe également des chiens qui n’aiment pas leurs congénères. Lorsqu’ils les rencontrent, ils se montrent agressifs, provocateurs et bagarreurs. Voilà précisément le cas ou la compréhension et l’utilisation du « Non! » vont permettre d’éviter bien du stress inutile au maître et au chien.
-La plupart des chiens correctement socialisés ne sont pas agressifs, au contraire! Ils adorent courir au devant de tous leurs congénères pour les inciter au jeu; cette attitude peut être mal perçue et les mettre en danger. Un certain nombre d’entre eux préfèreront de beaucoup courir vers un autre chien plutôt que de jouer tranquillement avec vous ou de revenir goûter à vos friandises, tout simplement parce que ce que vous avez à offrir ne tient pas la comparaison avec la perspective d’une course- poursuite entre chiens!
Nous voilà donc au cœur du problème: Pour pouvoir se passer de poser des interdictions, nous devrions être constamment plus intéressants aux yeux de nos chiens que la satisfaction de leurs instincts!
Ce n’est évidemment pas le cas…Les seuls individus pour lesquels ce pourrait être envisageable souffriraient d’anxiété de séparation et seraient donc des sujets non équilibrés.
Le « Non! » est nécessaire chaque fois que, pour des raisons de temps ou de capacité technique, une réponse éducationnelle ne peut pas être mise en place.
Lorsque mon chien est avec moi, il est libre d’explorer l’environnement dans lequel il se trouve et d’inter agir avec ses occupants jusqu’aux limites que je fixe à chaque instant grâce à un « Non! »
-Tu as le droit de jouer avec certains chiens….mais pour celui là, c’est « Non! »
-Tu peux dire bonjour à mes invités, mais pas à cette dame qui souffre d’arthrose. C’est « Non! »
-D’habitude tu peux te baigner, mais aujourd’hui, la rivière est en crue. C’est « Non! »
-Tu aimerais bien faire courir les moutons ou les vaches mais c’est « Non! »
L’interdiction fixe le cadre. Et le cadre est structurant par nature pour tout individu.
Cet interdit est donc à la fois protecteur (garant de sa sécurité) et relationnel puisqu’il permet au chien sollicité par ses instincts de sen remettre en confiance à son référent.