La méthode adaptée
LA METHODE ADAPTEE :
Le monde du chien est un monde de certitude. Chacun veut convaincre l’autre que la méthode qu’il utilise est la meilleure et la seule qui soit efficace. Comme vous aurez pu le lire dernièrement, ou du moins pourrez-vous penser que je n’adhère pas à celles que l’on nomme ‘positives’. Vous vous trompez lourdement. L’idée que l’on puisse renforcer les bonnes actions du chien en les récompensant au moment où de lui-même il les adopte, n’est pas un concept qui me déplait. Bien au contraire. Ce qui me chiffonne, c’est de penser que la nourriture est l’unique gratification et que la plupart des adeptes de cette méthode n’imaginent pas ou renient sciemment que l’on puisse utiliser d’autres formes de récompenses simples et à portée de lèvre, comme la voix par exemple. Je trouve que la ‘bouffe’ est trop systématique. Bien sur qu’elle n’est pas à bannir. Je ne suis pas contre. A bien des moments dans mon travail, j’ai eu recours à son utilisation. Mais de manière modérée et sans la placer au centre de ma méthodologie.
Dans les cours que je dispense au sein de la formation ‘BP éducateur canin’, j’essaie d’ouvrir ‘l’horizon’ de mes élèves en leur expliquant bien, que l’adoption d’une méthode unique est le chemin qui mène à une certaine étroitesse d’esprit. Combien de professionnels ai-je entendu, ai-je lu, me vendre en une forme de prosélytisme éhonté, leur procédé qui selon eux était l’unique vérité. Ils pensaient détenir la science absolue. Comment voulez-vous que des gens qui s’imaginent être les meilleurs, puissent un jour se remettre en question en prêtant attention à de nouvelles approches ? C’est impossible. Attendu qu’au dessus de meilleur, il n’existe pas grade supérieur !
Attention, je ne dis pas non plus qu’il faut adhérer à tout ! Chaque éducateur canin doit faire sa propre expérience et en fonction de celle-ci, doit être capable d’évoluer et d’intégrer dans ses cours des éléments autres que ses convictions profondes, sans chercher à jouer les ‘courtisans’ d’une clientèle plus frileuse ou carrément contre, l’idée que l’on puisse ‘sanctionner’ sous quelques formes que se soit, ce gentil ‘bébé chiot’. Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup de mal à accepter que l’on vende comme unique méthode respectueuse, celles que l’on nomme ‘positives’ et qui excluent du protocole toute utilisation à la sanction qu’elles soient physiques ou autres. Quelle hypocrisie.
Par contre, si je n’adhère pas, je reconnais qu’il est utile de la comprendre, de la pratiquer, car nous ne sommes pas à l’abri d’y avoir recours un jour sur un chien dont l’approche d’autres méthodes ne donnerait qu’un piètre résultat. Le bon éducateur canin doit être un homme d’ouverture, un touche-à tout, une sorte de ‘factotum’ de l’éducation canine. Il doit savoir analyser et être capable de choisir l’approche qui sera la plus efficace sur le chien à éduquer ou rééduquer. Mieux, il pourrait même être amené, durant la formation du maître, a proposé à celui-ci différentes méthodes en fonction des ordres qu’il aura à enseigner à son chiot, jeune ou chien adulte.
A chaque race, sa méthode. Je dirais même à chaque chien, voire à chaque exercice, l’approche doit ou peut être différente. Chaque individu reste unique.
J’ai depuis longtemps, en suivant l’enseignement de personnes compétentes, que j’ai rencontrées, lues ou qui ont été mes professeurs, compris que chacun avait sa méthode et que suivant la discipline que nous pratiquons et le chien que nous utilisons l’approche et les techniques étaient bien différentes. Je me suis imprégné de tous ses enseignements et en fonction du chien que je rencontre, je m’adapte et ‘pioche’ dans celles qui me semblent le plus appropriées. Si je devais décrire ma méthode que j’appelle adaptée, je dirais qu’elle cherche à s’inspirer de toutes sans en choisir une en particulier et sans affirmer péremptoirement que celle-ci est la meilleure. Je n’ai rien inventé. Chez les chiots (moins de 4, 5 mois) nous tenterons une approche plus ‘positive’, sans occulter la sanction qui devra être donnée en toute intelligence. Le chien adulte dur et solide, nécessitera une méthode plus traditionnelle pour un exercice, plus classique dans un autre, plus moderne (collier électrique) à certains ou carrément ‘positive’ pour un travail plus délicat. Chaque chien, voire chaque exercice dans la formation d’un même chien peut nécessiter une méthode différente. D’où l’intitulé : Méthode adaptée.
J’ai dernièrement lu un livre, écrit par Leila Del Monte’ dont le contenu m’a poussé à la réflexion et m’a conduit à penser que nous sommes bien loin d’avoir percé tous les mystères de nos animaux. A sa lecture, j’ai ressenti comme une sorte de méconnaissance de mes chiens et comme une espèce de culpabilité de toutes les erreurs que j’aurais pu avoir à leurs égards. C’est pourquoi, j’exhorte tout individu qui désirerait devenir éducateur canin à ne pas accepter comme unique, la méthode qu’un autre lui aurait enseignée. Mais de poursuivre son chemin ‘initiatique’ et de chercher continûment d’apprendre des autres. Car sans les autres, nous ne sommes rien, nous n’existons pas !
Dans la formation ‘BP éducateur canin’, je me demande bien souvent quel(s) est (ou sont) celui (ou ceux) qui a (ou ont) le plus appris entre les élèves et le ‘professeur’ ? Quel enrichissement personnel, quel plaisir d’être confronté à certains sceptiques, qui apportent d’autres arguments qui, nous devons l’admettre, sont recevables et permettent cette ouverture d’esprit dont je vous parle depuis le commencement de ces quelques lignes. C’est pourquoi, je continue l’exploration du fameux ‘clicker’ et de ces méthodes dites ‘positives’ qui me permettront à titre personnel de m’ouvrir à d’autres approches, lesquelles peut être me permettront d’essayer un jour autre chose, mais qui pour le moment me permettent surtout de me coucher moins ‘con’ !
A très prochainement
Etienne Girardet